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Espace privé SPIP

Avant-garde

Festival Photo Levallois 2012

du 5 octobre au 17 novembre
Vernissage jeudi 4 octobre à 19h

Salons d’Honneur, péristyle et
jardins de l’Hôtel de Ville
Place de la République, Levallois

Accès :
M° Ligne 3 - station Anatole France


Artiste, commissaire d’exposition, critique d’art, Aurélien Mole construit une œuvre dont l’une des problématiques est l’exposition. Pour Photo Levallois 2012, il a conçu un ensemble de photographies en sachant qu’elles seraient exposées en plein air — et en pleine lumière — aux abords de l’hôtel de ville.

Le point de départ de ce nouveau travail est donc le contexte d’exposition lui-même, dont l’analyse fournit à l’artiste des jalons sur lesquels s’appuyer. S’agissant d’une exposition dans l’espace public, qui plus est dans des panneaux publicitaires rétro-éclairés, Aurélien Mole décide d’emblée de faire écho au genre d’images dominant nos trajets urbains : l’affiche publicitaire. Dans ce domaine, la photographie détient un rôle majeur de persuasion, puisque les produits de consommation y sont présentés en vue d’être vendus. En effet, c’est l’image idéalisée, présentant l’objet dans une perfection avantageuse, faisant volontairement fi de sa contingence et de sa fragilité, qui est le ressort de la consommation. Les fabricants ont d’ailleurs intérêt à exacerber ce déséquilibre entre la représentation toute-puissante et l’objet en lui-même, dont l’usure rapide offre une garantie de renouvellement de l’achat à court terme.

Fort de ce constat, l’artiste a décidé d’expérimenter de façon concrète cette compétition entre l’objet de consommation courante et sa représentation photographique. Pour ce faire, il a placé des reproductions d’objets au format d’affiche dans des panneaux publicitaires. Des bonbons, un Polaroïd, un livre, une affiche électorale, sont mis en scène de façon neutre. Le photographe ne leur fait pas jouer la comédie de la perfection hors d’atteinte, celle qui vise à déclencher la pulsion d’achat. Une caractéristique commune a présidé à leur rassemblement : une exposition prolongée à la lumière les dégrade. Qualité essentielle de la photographie également, qu’Aurélien Mole souligne de façon espiègle.

Ces affiches resteront exposées dans l’espace public pendant toute la durée du festival, soit six semaines environ. Il est vraisemblable que le rayonnement UV, les intempéries, les variations de température et pourquoi pas, l’interaction avec les passants, les affecteront et les feront vieillir. Pour autant, l’artiste gage que l’usure de ces photographies sera moins brutale que celle des objets représentés eux-mêmes, s’ils avaient été placés dans des conditions similaires.

A travers cette expérience, Aurélien Mole poursuit son intérêt pour la question du vieillissement des images, problématique où la matérialité des photographies se trouve exacerbée.

Enfin, il introduit des irrégularités dans une expérience visuelle quotidienne vécue le plus souvent de façon passive, tant l’imagerie publicitaire est perçue comme faisant partie de l’environnement. Par ce biais, cette énigmatique avant-garde placée le long des grilles du jardin de l’hôtel de ville, propose de mettre en relief la façon dont nous faisons quotidiennement l’expérience d’images photographiques dans le monde réel — qu’elles contribuent à modeler, ainsi que notre compréhension de celles-ci.

— Paul Frèches



Photographies : Maxime Thieffine