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Espace privé SPIP

Cargo Culte

(illustration : Matthia Giegher, Tri Trattati, 1639. Courtesy Sächsische Landesbibliothek - Staats und Universitätbibliothek Dresden)

Exposition & revue d’artistes
Vernissage samedi 2 octobre 2010
A partir de 18h jusqu’à 23h (dans le cadre de Nuit Blanche 2010)
Du 4 octobre au 20 novembre 2010
Ouvert du mercredi au samedi de 14h à 18h

Avec Carlotta Bailly-Borg, Guillaume Constantin, Lauren Coullard, Amélie Deschamps, Ann Guillaume, Giulia Grossmann, Mathieu Larnaudie, Aurélien Mole, Guillaume Pilet, Antoine Trapp et Benjamin Valenza.

Coordination du projet éditorial et de l’exposition : Tiphanie Blanc Chateigné et Axelle Blanc.


« Les indigènes ne pouvaient pas imaginer le système économique qui se cachait derrière la routine bureaucratique et les étalages des magasins, rien ne laissait croire que les Blancs fabriquaient eux-mêmes leurs marchandises. On ne les voyait pas travailler le métal ni faire les vêtements et les indigènes ne pouvaient pas deviner les procédés industriels permettant de fabriquer ces produits. Tout ce qu’ils voyaient, c’était l’arrivée des navires et des avions. »

Peter Lawrence, Le Culte du Cargo, éd.Fayard, 1974, pp. 297-298

Le Culte du Cargo désigne à l’origine des rituels très variés propres aux peuplades de Mélanésie et du reste de l’Océanie (à l’exception de la Nouvelle-Calédonie). Initié au XIXe siècle sous l’impact de la missionarisation, il est une expression générique qui désigne les rituels adoptés par les indigènes en réaction à la colonisation, dont le point commun est l’imitation de certains gestes effectués par les occidentaux, telles les parades militaires de l’armée américaine durant la seconde guerre mondiale. Face aux crises et aux ruptures sociales engendrées par le colonialisme, les cultes du cargo furent des mouvements à la fois d’assimilation, de mutation identitaire et de résistance face aux pratiques et aux valeurs occidentales. Plus largement, le « culte du cargo » est aujourd’hui une expression employée dans différents domaines (l’informatique, la science) pour désigner le phénomène d’appropriation par mimétisme et hors contexte, engendrant incompréhension et réinventions.

Cargo Culte, à la fois exposition et revue d’artistes, entend intégrer cette notion pour mieux la retourner sur elle-même. Il s’agit de s’interroger sur les mécanismes par lesquels l’imaginaire occidental appréhende un ailleurs exotique, et produit des discours et des images comme projections fantasmées d’un autre mythique. Plus largement, Cargo Culte entend mener une réflexion sur la transmission et l’appropriation des faits culturels, sur la circulation des images, et en cela place la question du document, de sa définition et de sa fonction, au cœur du projet.

Les artistes ont été d’abord invités à concevoir chacun un multiple en relation avec leur réflexion et dans la technique de leur choix. Tous les multiples sont réunis dans un coffret, qui constitue un projet éditorial à part entière, comme le premier numéro d’une revue d’artiste, édité à 25 exemplaires.

Fruit des recherches préalables des artistes, le coffret Cargo Culte préside à différentes possibilités de présentation ou d’activation lors de l’exposition, et fonctionne ainsi à la fois comme sa source et sa mémoire. Certaines pièces exposées sont des multiples issus du coffret, d’autres en sont des extensions ou des échos, toutes étant montrée indépendamment de leur supposé statut d’original ou de reproduction.